Depuis l’apparition du Covid-19, de nombreux secteurs d’activité furent bouleversés. Celui de l’automobile n’est pas en reste, car il fait face lui aussi aux conséquences indirectes de la pandémie. Les cours des concessionnaires sont de nos jours quasiment vides, et ce n’est pas à cause de ventes réussies. Les consommateurs qui veulent acquérir leurs voitures de rêve, quant à eux, se font dire que ces dernières sont en rupture de stock ou en attente de pièces manquantes.
Concrètement, un manque de véhicules neufs se fait ressentir depuis 2019. Cela entraîne une véritable pénurie d’auto, mais aussi une inflation des prix sur le marché de l’occasion. L’une des principales raisons de cette situation est sans doute la crise des puces électroniques, essentielles pour la fabrication de nouveaux véhicules. Leur production dans l’impasse, les experts parlent d’une réalité qui pourrait perdurer jusqu’en 2023, voire plus. Voici ce qu’il en est !
Quel est le point sur la situation ?
Nombre de constructeurs déclarent actuellement que la pénurie des automobiles n’est pas encore près de s’arrêter. Certains d’entre eux ont même évoqué l’année 2023 dans leurs prévisions. Ce fut notamment le cas dans le cadre du Salon automobile de Munich qui a été organisé dernièrement. Le fait est que le manque de semi-conducteurs au niveau mondial en ce moment touche la majorité des industries. Le souci est que les pays tels que les Philippines, le Vietnam ou la Malaise figurent parmi les plus touchés par les effets du coronavirus. C’est toutefois là-bas que se fait une grande partie de la chaîne de production des puces, incluant les tests, les mises en emballage et l’encapsulation.
Une lueur d’espoir avait été aperçue un temps, lorsque la situation sanitaire faisait figure d’amélioration. Cependant, la nouvelle vague de coronavirus constatée durant le mois de juillet 2021 a rendu encore plus difficile la situation. Ces pays durent prendre des mesures drastiques et mettre en confinement leurs populations. Une décision nécessaire qui ne résout en aucun cas les perturbations au niveau des chaînes de production.
Conséquence ? Les États-Unis ainsi que l’Union européenne doivent concentrer leurs efforts pour relocaliser la fabrication des semi-conducteurs. Cela nécessite un investissement important, et n’aura pas d’effet immédiat sur la pénurie qui impacte l’industrie de l’automobile en cette année 2022. Force est de constater que l’optimisme n’est pas du goût de tout le monde. Les avis et les chiffres divergent effectivement chez les fabricants et chez les constructeurs, mais aussi concernant le calendrier de la sortie de crise.
Ce sont plus de 11 millions de voitures dans le monde qui n’ont pas pu être produites en 2021 d’après AutoForecast Solutions. Ce manque à gagner serait encore de 7 millions de produits cette année. Financièrement, la saison 2021 aurait entraîné un déficit de 210 milliards de dollars pour l’industrie automobile. Un chiffre que n’a pas manqué de faire remarquer AlixPartners dans une étude.
Comment se passent les mesures mises en place ?
Tous les constructeurs automobiles ont été touchés par la crise. En première ligne, vous avez Ford, suivi de Volkswagen, General Motors, Toyota et Stellantis. Ceux localisés en Asie, notamment en Chine et en Corée, ont toutefois été moins impactés par rapport à leurs concurrents de l’occident. La raison est sans nul doute leur proximité avec les fournisseurs mondiaux de puce automobile. Puis, ils utiliseraient un système de fonctionnement plus intégré.
Les processus de délocalisation de production ont déjà été appliqués par les sociétés expertes dans la production de composants électroniques vers 1990. L’Asie constitue l’une des plaques tournantes de cette industrie si bien que les États-Unis ne représentent que 12 % de la production de semi-conducteurs dans le monde. L’Europe, de son côté, suit avec sa part de 10 %. Même si les Européens se distinguent avec des structures telles que STMicroelectronics, Infineon, NXP ou ASML, ils dépendent aussi bien des producteurs asiatiques que des principaux concepteurs américains.
Des dizaines de milliards d’investissements sont aujourd’hui en jeu dans cette course à l’automobile en temps de crise. L’Union européenne serait en train de planifier un plan d’investissement avoisinant les 43 milliards d’euros. Ce budget servira d’ici l’année 2030 à relancer et à optimiser par quatre la production des semi-conducteurs. Les États-Unis en feraient de même avec un apport financier d’environ 45 milliards d’euros (l’équivalent de 52 milliards de dollars). Cependant, les effets de ces investissements ne pourront, semble-t-il, être constatés que dans plusieurs années.
En parallèle, le marché des semi-conducteurs pourrait tourner autour des 1 000 milliards d’euros d’ici 2030 alors qu’il s’élevait encore à 600 milliards en 2021. Puis, de grands fabricants commencent à bouger. Parmi eux, vous pouvez distinguer la firme taïwanaise TSMC qui compte mettre près de 36 milliards d’euros au niveau de ses installations, et ce, durant cette seule année. Intel, le géant américain souhaiterait de son côté investir dans de nouvelles capacités industrielles sur le territoire européen. Cette opération coûterait la bagatelle de 100 milliards, répartis sur 10 ans.
Quelles sont les estimations finales concernant cette pénurie auto ?
La relocalisation de la production des semi-conducteurs se poursuit du côté des États-Unis et de l’Union européenne. Tous les acteurs du secteur proposent leurs avis quant à la date de sortie de crise. Alors que les constructeurs pensent au second semestre ou au troisième trimestre 2022, les fabricants prévoient une fin de crise et un retour à la normale en 2023. Cependant, étant donné que l’édification de nouvelles usines de semi-conducteurs dure environ 2 ans, il faudrait éventuellement patienter jusqu’à 2025.
Résultat ? Les constructeurs automobiles recherchent d’autres solutions pour accroître leurs productions de véhicules. Des partenariats se créent avec des experts en composants électroniques chez certains et la création de nouveaux logiciels embarqués chez d’autres. Cependant, les puces ne sont pas les seuls facteurs de la pénurie automobile actuelle. Même s’il est possible de constater un début de rétablissement, le manque des faisceaux de câbles venant de l’Ukraine constitue aussi un problème. Cela pourrait entraîner encore des retards de livraison, voire l’arrêt de production de certains modèles de voiture.